LE BATELIER DE CLARENS by Juste Olivier

LE BATELIER DE CLARENS by Juste Olivier

Auteur:Juste Olivier [Olivier, Juste]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Tome 1
Éditeur: Les Bourlapapey bibliothèque numérique romande
Publié: 2012-05-20T17:48:58+00:00


III

Ces dames allèrent donc procéder à la transformation de leur toilette, et Semplice, retrouvant dans le petit pavillon les habits qu’il y avait quittés, eut en un tour de main rétabli la sienne dans son premier état. Cela fait, il s’assit, violemment tenté de s’en aller par les prés pour ne plus revenir.

– Si j’étais sûr, pensait-il, que c’est par un fol amour que je reste, j’aimerais mieux fuir ainsi par derrière comme un lâche, et mettre mon orgueil à laisser croire de moi ce qu’on voudra, sans dire mon secret.

Comme il était là en lutte avec lui-même et plongé dans ses réflexions, il lui sembla qu’on poussait la porte mal fermée, et en effet il l’entendit doucement s’entrouvrir. Il tressaillit. Mais ce n’était qu’Ossian, dont il vit apparaître dans l’entre-deux, d’abord le museau, qu’il y avait glissé comme une clé dans la serrure, puis, la tête noire et blanche, puis, de proche en proche, toute sa personne tachetée, soyeuse et touffue, y compris sa queue haut placée, qu’il secouait d’un air d’enquête et d’interrogation.

– Eh, c’est toi, mon pauvre Ossian ! dit Semplice : toi, mon introducteur à l’entrée, et qui viens sans doute m’accompagner à la sortie : c’est juste ! et tu sais au moins, toi, en me congédiant, y mettre des procédés.

Sortant là-dessus du pavillon, il fit quelques pas au hasard dans l’allée. Ossian le suivit en sautant autour de lui et en lui adressant, par intervalles, d’un ton de reproche, quelque petit jappement amical.

Quand ils furent au tournant de l’allée dans l’avenue, Semplice ayant jeté les yeux à l’autre bout de celle-ci vers la grille, le chien, lui léchant les mains et lui mordant le pan de l’habit, semblait vouloir le tirer du côté de la maison, et ne le quitta que lorsqu’il le vit se diriger vers le péristyle.

– Tu as raison, Ossian, dit Semplice, je ne puis pas m’en aller ainsi, et je saurai bien me congédier moi-même, s’il le faut, avant que personne, ni sa mère, ni elle, ne me congédie.

Il entra dans le salon. Ces dames n’y étaient pas encore redescendues ; mais il n’y resta pas longtemps seul. Julia arriva la première. Ils se saluèrent silencieusement. Sa mère, avec qui, pendant leur toilette, elle avait gardé de même un silence obstiné, ne tarda pas à la suivre, et mademoiselle Lagarde, les yeux rouges, encore tout interdite, entra presque au même instant de son côté.

Le déjeuner, préparé aussi pour la fête, fut d’abord assez morne, malgré les fleurs et les gâteaux que Tom s’était plu à y prodiguer. Julia, par caprice d’abord, humeur, folâtrerie, audace ignorante et ingénue, puis par colère, dépit et plus de passion qu’elle ne savait, ayant peu à peu tourné en aventure une plaisanterie et les ayant toutes deux poussées à bout, ne se sentait plus soutenue par rien de ce qui l’y avait excité ou lui avait fait illusion, maintenant qu’elles avaient fini, et mal, il fallait bien le reconnaître. Partagée entre l’orgueil et le regret,



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